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Divertir pour dominer 2: La culture de masse toujours contre les peuples
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Détails sur le produit
Poche: 296 pages
Editeur : L'Échappée (19 avril 2019)
Collection : Pour en finir avec
Langue : Français
ISBN-10: 2373090562
ISBN-13: 978-2373090567
Dimensions du produit:
12,1 x 2,7 x 18,5 cm
Moyenne des commentaires client :
4.6 étoiles sur 5
3 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
30.546 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Attention, l’éditeur a eu la mauvaise idée de donner à ce livre un titre presque identique à un volume publié par lui il y a neuf ans, pouvant ainsi faire penser qu’il s’agit d’une réédition augmentée. Ce qui n’est pas très malin de sa part puisque ce n’est pas le casTous les textes contenus dans ce volume abordent en effet de nouveaux thèmes d’étude. Cette fois, ce sont les séries TV, les jeux vidéo, les cultures extrêmes, le consumérisme et les arts qui sont passés au crible de la critique radicale.L’approche s'articule autour de deux axes.Premièrement, le constat, argumenté avec précision, que la culture de masse repose en tout premier lieu sur un formatage des marchandises (appelons les choses par leur nom) qu'elle propose.Les textes mettent en évidence les mécaniques de standardisation à l’œuvre dans chacun des domaines abordés et en décortiquent leur généalogie.En second lieu, les auteurs étudient les instances de légitimation et les réseaux qui se mettent progressivement en place, permettent d’ennoblir, voire d’assurer la promotion de ces produits à visées strictement commerciales, addictives et infantilisantes.Ils montrent en particulier comment l’Université s’empare de ces sujets qui deviennent dès lors des objets d’étude et de débats et pond des théories à la chaîne (Michel Foucault est mis à toutes les sauces).Parés d’une aura de « chercheurs », des professeurs surtout soucieux de se faire un nom dans un domaine encore vierge, se hissent ainsi à peu de frais au rang d’experts, créent des départements dédiés, obtiennent des crédits de recherche pour, au final, accoucher de raisonnements affligeants qui seront plus tard relayés dans les médias. Ils se font en toute bonne conscience et avec l’aide d’une certaine presse branchée et de lobbies les alliés de l’industrie du divertissement et de l’abrutissement de masse. Avec eux, les torture porn les plus avilissants trouvent une justification intellectuelle décomplexée.A ce stade deux écueils se présentent.On pourrait reprocher à ce recueil d’être totalement réactionnaire et d’aller à contre-courant d’une évolution somme toute innocente ou de favoriser une culture d’élite. Le reproche ne tient pas car les textes vont au bout de leur raisonnement. Ils montrent que ces dérives sont le résultat du capitalisme et d’un système qui aboutit à maintenir la domination sur les peuples en leur offrant des plaisirs faciles qui ne remettent absolument rien en cause dans son fonctionnement.Grâce à sa malléabilité et à son adaptation remarquables, le capitalisme (voir à ce sujet le livre essentiel de Luc Boltanski et Eve Chiapello « Le nouvel esprit du capitalisme ») et ses instances réussissent, par exemple, à qualifier de « subversives » certaines séries TV ou productions de violence extrême, alors qu’elles en sont les émanations calibrées. Et si vous en contestez la valeur, c’est vous qui êtes taxé de passéiste et réactionnaire.En revanche, le deuxième écueil est ignoré (volontairement ?) et c’est un reproche que l’on peut faire la plupart du temps à la pensée critique. On peut se poser la question : pour quelle raison cette culture de masse, décrite comme « contre les peuples » se fabrique et se diffuse-t-elle avec leur assentiment enthousiaste, quel que soit le niveau de culture des individus (une série HBO plaira tout autant à un ouvrier qu’à un cadre) ? Il suffit de voir le succès des séries TV, dont la standardisation narrative et le rythme, devenus les références contaminent à présent le cinéma, la littérature, les arts, les conversations et même le langage.Pour ne pas s’aliéner les masses (on pourrait y voir du mépris à leur égard) en les ciblant également dans la critique radicale « Divertir pour dominer 1 et 2 » risquent fort de n’être lus que par des convaincus.La réponse a la question a peut-être été donnée voici plus de 400 ans par Etienne de La Boétie dans son « Discours sur la servitude volontaire ».A moins que l’on préfère cette maxime coluchienne qui pourrait s’appliquer à ces produits de masse : « Vous n’êtes pas raisonnables : il suffirait que vous ne l’achetiez pas pour que ça ne se vende pas ».
Second opus publié neuf ans après le premier, cet ouvrage est assez différent par le ton (j’ai trouvé les textes moins professoraux) et par les sujets traités : alors que le tome 1 traitait de la télé, de la publicité, du tourisme et du sport, celui-ci, qui porte le même nom pour se moquer du cinéma hollywoodien, se penche quant à lui sur les séries télé ; les jeux vidéo et d’une manière plus générale, la « gamification » du monde ; le porno et les films d’horreur (Saw) ; le consumérisme comme culture et le consumérisme identitaire ; et enfin, l’art contemporain et les musées envahis de nouvelles technologies.Je dois dire que, si j’avais vraiment aimé le premier volet, j’ai adoré le second tant il m’a parlé.Les séries sont toutes produites selon le même moule, dans un seul but : gagner de l’argent ; et les auteurs de railler la posture pseudo-intellectuelle de certaines d’entre elles et de leurs thuriféraires (Les Inrockuptibles par exemple).Le chapitre sur les jeux vidéo critique moins les jeux vidéo en eux-mêmes ‒ tout en leur reconnaissant des qualités ‒ que certaines des conséquences de leur utilisation abusive, et surtout que la transformation de tous les aspects de la vie sociale, personnelle et professionnelle, en jeu : travail, sites de rencontres, tout est passé au crible acéré des auteurs.Le chapitre sur le porno suit logiquement celui sur les séries et les jeux : réification des personnes, dissociation de soi, concentration verticale des entreprises et studios… et récupération par de pseudo-intellos (universitaires, Ovidie)… Il est suivi par un chapitre sur les films d’horreur / d’épouvante tels que « Saw », avec lesquels les auteurs trouvent des similarités dans le caractère extrême des images et dans l’attitude du spectateur/voyeur.Le chapitre sur la société de consommation clôt magistralement cet ouvrage dont on espère qu’il y en aura encore beaucoup d’autres : consommer est devenu la seule identité autorisée et encouragée, tous les autres repères anthropologiques ‒ race, nation, religion, famille, amour, amitié, art ‒ étant brocardés et de toute façon marchandisés. Mention spéciale au sous-chapitre sur le consumérisme « authentique » (commerce ethnique, équitable, etc.) qui n’est que l’une des nuances du capitalisme, qui a toujours su intégrer et recycler sa critique.Enfin, un dernier chapitre vient conclure, zénith orgasmique, cet excellent ouvrage : art contemporain et invasion technologique dans les musées. Tout se suit et se rejoint dans ce livre très cohérent, c’est pourquoi l’art contemporain parlera de jeu, de perte de repères et de marchandisation ; j’ai trouvé audacieux de la part des auteurs de critiquer Andy Warhol et Jeff Koons, mais surtout Andy Warhol, statue aussi indéboulonnable que Voltaire ou Victor Hugo, mais leur argumentation se tient et je laisse le soin au lecteur de lire cet argumentaire imparable.Dernier point : les musées rivalisent d’idées pour rendre la visite ‒ pardon, l’ « expérience » ‒ du visiteur inoubliable ; c’est ainsi que tablettes, bornes et autres casques de réalité virtuelle « augmentent » les œuvres d’art, mais, selon les auteurs, font perdre au spectateur toute possibilité contemplative et méditative en ce qu’ils se positionnent en médiats, entre l’œil du spectateur et le tableau par exemple. Je dois avouer que je suis totalement d’accord avec l’idée selon laquelle les gens seront plus intéressés par la réalité « augmentée » que par l’œuvre en elle-même.À ce sujet, je conseille à tout le monde de lire le rapport sur les « Musées du XXIe siècle » (http://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Rapports/Rapport-de-la-mission-Musees-du-XXIe-siecle), rédigée sous la direction de Mme Jacqueline Eidelman, dont Divertir pour dominer 2 est en fait une parfaite recension : spectateur au centre, jeu à tous les niveaux, primauté de l’expérience sur l’apprentissage, évolution du rôle du conservateur, qui devient une sorte de G.O., et feu d’artifice technologique étant à la fois une cause et une conséquence des difficultés d’ordre pécuniaire des musées.Il m’a semblé que la ligne éditoriale avait quelque peu évolué : en effet, quelques réflexions « de prof » m’avaient agacé dans le premier livre, que je n’ai pas retrouvées dans celui-ci ; par ailleurs, les auteurs citent Philippe Murray et son « homo festivus » et tirent à boulets rouges sur les médias « de Gauche » avec encore plus de causticité qu’avant. Pour être honnête, ayant moi-même ce que l’on appelle des idées d’« extrême-droite », je me suis totalement retrouvé dans cette publication, encore plus que dans la première.Je trouve toutefois les auteurs encore trop bons avec leurs collègues universitaires en ce qu’ils parlent souvent d’« erreurs » d’analyse, de manque de distanciation scientifique : non non, ce sont des collabos qui savent très bien quoi faire pour survivre : léninistes, puis stalinistes, puis maoïstes, puis écologistes, les voilà maintenant antispécistes, végétariens et sériephiles, en attendant la prochaine lubie technologico-financière.Un livre à lire donc, et même à relire !
Excellent ouvrage, Ã lire en prenant son temps
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